Havoc de Mobb Deep : Figure sacrée du hip-hop

Havoc de Mobb Deep : Figure sacrée du hip-hop
Texte : Gil Colinmaire On ne présente plus celui qui a propulsé, par un flow percutant et une maîtrise du sample inégalés, Mobb Deep – son duo fondé avec Prodigy – au panthéon du hip-hop. 24 ans après sa sortie, leur second LP The Infamous est encore considéré comme l’un des points culminants du « rap conscient » US, et une référence pour toute une génération de lyricistes et beatmakers. Alors qu’est survenu en 2017 le triste décès de Prodigy, Havoc poursuit sa carrière solo et rend hommage, en tournée, à son coéquipier. Rendez-vous à l’IBOAT le 18 décembre pour son live immanquable, en compagnie de Big Noyd et DJ L.E.S. Sans lui, le monde du hip-hop ne serait sans doute pas devenu ce qu’il est aujourd’hui. En solo, ou avec son légendaire duo Mobb Deep, Havoc fait partie des pionniers d’un son au groove embrumé et poisseux, narrant, à l’instar de ses textes sans détour, la dure réalité des ghettos dans le New-York des années 90. Ce n’est donc pas un hasard si le Queensbridge, un quartier qui l’a vu grandir et a connu depuis les 70’s d’importants problèmes de chômage et de délinquance, deviendra en cette fin de XXème, un des viviers les plus importants du East-Coast dit « hardcore ». Adolescent passionné par le dessin, c’est à la High School of Art que Kejuan Muchita, de son vrai nom, rencontre en 89 celui qui formera avec lui Mobb Deep ; Albert Johnson, connu plus tard sous le blaze de Prodigy. Après un premier titre (“Cop Hell”) publié en face B d’un single de Gang Starr, le combo sort en 93 son premier album, Juvenile Hell, produit alors par le mythique tandem DJ Premier (membre du groupe précité) / Large Professor – également mentor de l’autre prodige du district, Nas. Un disque qui peinera à décoller sur le marché US, en raison notamment de punchlines – à l’image de la faucille brandie sur sa pochette – particulièrement crues et acerbes, mais qui ne dissuadera pas pour autant les deux jeunes rappeurs d’affirmer, par la suite, leur vision des quartiers défavorisés. C’est finalement sur leur approche de la production qu’Havoc décide de travailler, en en prenant totalement les rênes. S’ensuivra un single résolument plus sombre, “Shook Ones” – réédité plus tard sur le réputé LP Hell on Earth –, et surtout la sortie en 95 de The Infamous. Toujours considéré à ce jour comme un des plus grands chefs-d’oeuvre de l’histoire du hip-hop, le disque, qui contient les hymnes “Survival of the Fittest” et “Shook Ones Pt. II”, samplés un nombre incalculable de fois (Jay-Z, Eminem dans 8 Mile…), a eu un impact considérable sur les scènes rap du monde entier. Notamment en France, où le réalisme et la noirceur du propos ont inspiré bien davantage (de NTM à IAM) que le gangsta rap, plus « bling bling », de la West Coast. Une influence qui a fait de Havoc un des beatmakers les plus respectés de la planète et l’a conduit à travailler auprès des plus grands MCs américains de ces 30 dernières années – de Nas à Kanye West, en passant par The Notorious B.I.G. et Raekwon, du Wu-Tang Clan. Depuis le décès brutal en 2017 de son frère d’armes Prodigy, l’artiste poursuit sa carrière solo en perpétuant sa mémoire, épaulé par son fidèle collaborateur Big Noyd, présent depuis les débuts de Mobb Deep. Inséparables, les deux amis rapperont côte à côte mercredi 18 décembre, pour une date commune historique à l’IBOAT.

Recevez l’actualité du bateau par mail !

Inscrivez-vous à la newsletter pour ne rien manquer de l'agenda, de nos évènements, etc.

Vous aimerez aussi